La boulimie
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Publié le 09/11/2020
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un trouble des conduites alimentaires, la boulimie. Ce trouble comportemental se caractérise par des ingestions compulsives de produits en tout genre, aussi bien solides que liquides, à toute heure du jour ou de la nuit. Il faut savoir que ces prises alimentaires impulsives ne sont jamais causées par de réelles sensations de faim mais plutôt par des émotions. Grâce à de nombreux témoignages et à de nombreuses études, on a pu comprendre que si la personne boulimique mange sans s’arrêter, c’est en réalité pour combler un vide, un manque qu’elle ressent au plus profond d’elle et qui correspond en général à un manque affectif et non nutritionnel.
Tout le monde peut être touché par la boulimie bien qu’il existe des profils plus touchés que d’autres. En effet, le trouble commence généralement à se manifester à partir de l’adolescence et plus précisément chez les femmes. On note environ 60% de femmes touchées pour 40% d’hommes. Bien qu’elle apparaisse très souvent à cette période très difficile qu’est l’adolescence, la boulimie peut également apparaître à tout âge et cesser d’un coup comme ne jamais vraiment disparaître devenant ainsi chronique.
Il s’agit d’une maladie que l’on retrouve plus particulièrement au niveau des pays occidentaux. En effet, un nombre important d’entre eux prête une grande importance au physique. La plupart des personnes et plus particulièrement les adolescents subissent une pression sociétale où la culture du « corps parfait » est très présente. Cet élément est plus important qu’il n’y parait car il est très souvent à la base du processus qui mène à la boulimie.
Mais quel est ce processus ? Evidemment chaque personne réagit différemment et il en va de soi qu’il est propre à chacun, mais il existe tout de même de nombreuses similitudes qui reviennent.
Tout d’abord, à la suite des nombreuses images, des nombreux clichés véhiculés par la société, la personne finit par avoir une faible estime d’elle (elle ne se trouve pas assez mince par exemple) et devient de plus en plus exigeante avec elle-même. Ensuite et surtout viennent les problèmes personnels, les problèmes relationnels (harcèlement, famille, amour…). Ces conflits génèrent de l’anxiété et mélangée à la faible estime de soi ainsi qu’à l’exigence, la première phase de la boulimie débute.
Comme dit juste au-dessus, la boulimie se compose de 2 phases qui s’alternent. Tout d’abord celle du « contrôle » et même de « l’hyper contrôle » qui a pour but de contrôler de manière très stricte son alimentation, de faire de l’exercice physique mais de manière abusive et ce, afin d’atteindre ses objectifs physiques. Cependant, à force de contrôle et de conflits psychologiques, la deuxième phase arrive et la crise de boulimie se déclenche. La personne mange alors plus qu’elle ne devrait, ingurgite des quantités énormes de nourriture d’un seul coup sans arriver à se contrôler.
Une fois la crise un peu calmée c’est à nouveau l’angoisse qui s’installe, l’angoisse d’avoir repris du poids, la culpabilité, l’exigence et la faible estime de soi (pas avoir réussi à garder le contrôle) et certaines personnes se font alors vomir ou commence alors à faire usage de médicaments (laxatifs par exemple). Tout ceci marque l’entrée dans un cercle vicieux duquel on peut difficilement sortir sans l’aide d’un professionnel et qui n’est pas sans conséquences. Ces éléments augmentent le mal être mais ont aussi un impact sur les problèmes personnels entrainant ainsi le risque d’apparition d’une dépression. De plus, cela augmente les problèmes de santé avec un risque d’obésité par exemple ou encore le risque d’apparition de cancer de la gorge (lorsque la personne se fait beaucoup vomir car l’acidité du vomit peut entraîner des dysplasies au niveau des muqueuses et ainsi le début d’un processus tumoral).
Il est important de faire la distinction entre la boulimie et l’hyperphagie boulimique. Si la boulimie comporte une phase compensatoire avec le « contrôle », l’hyperphagie boulimique quant à elle, consiste uniquement en période de crises ce qui explique la présence d’un risque d’obésité plus important. Les personnes boulimiques ne sont pas forcément en surpoids contrairement à ce qu’on pourrait penser lorsqu’on parle de la boulimie et ce, grâce à l’alternance entre les crises de boulimie et les périodes compensatoires.
Concernant la prise en charge, comme dit précédemment, elle nécessite l’intervention de professionnels et se doit d’être multidisciplinaire. Il faut un suivi nutritionnel, mais aussi un suivi psychologique qui peut se présenter sous différentes formes : en groupe, par le biais de thérapies cognitives et comportementales ou encore par de la psychanalyse.
Au même titre que l’anorexie, la boulimie est un trouble des conduites alimentaires qui doit être pris au sérieux et qui, avec de l’aide, se soigne relativement bien. La prochaine fois nous aborderons la maladie de Parkinson.
Docteur Jacqueline Delanoë
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