L'endométriose

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Nous allons aborder une pathologie qui concerne pour de 1,5 millions de femmes rien qu' en France, l'endométriose, maladie de plus en plus répandue notamment avec les changements de mode de vie sociétaux mais encore très peu connue et reconnue.

Se localisant au niveau de l'utérus, l'endométriose est une pathologie extrêmement fréquente du XX-XXIème siècle. 

(Petit rappel) L'utérus correspond à un organe musculaire creux appartenant à l'appareil reproducteur féminin qui se compose de trois parties, à savoir un corps utérin, un col utérin en continuité avec le vagin et un isthme reliant les deux parties citées précédemment.

On y retrouve une séreuse ou un adventice complètement à l'extérieur, puis un peu plus en profondeur une musculeuse que l'on nomme le myomètre et enfin plus à l'intérieur une muqueuse appelée l'endomètre. Celui-ci est soumis à des variations cycliques dépendantes d'hormones telles que l’œstrogène et la progestérone qui permettent à la muqueuse de proliférer puis, à la fin du cycle, lors de la chute du taux d'hormones, de se détruire donnant ainsi les règles. C'est l'endomètre qui constitue de siège de la maladie.

En effet, l'endométriose correspond à une muqueuse ectopique (= pas à sa place anatomique habituelle), autrement dit en dehors de la cavité utérine. Il existe diverses localisations : ovarienne, péritonéale, intestinale, rectale ou encore dans des cas très rares au niveau pulmonaire ou cutané.

L'hypothèse physiopathologique la plus répandue est qu'au moment des premières règles, au lieu d'avoir un flux allant toujours de la trompe vers l'utérus, il y a une dysfonction de ce flux.

Certaines fractions d'endomètre sont donc aspirées dans la trompe et sont relâchées à l'extérieur de l'utérus, formant ainsi des petites saccules de tissus essentiellement au niveau de la trompe mais aussi dans le péritoine. Malgré sa localisation externe à l'utérus, la muqueuse reste sensible à l’imprégnation hormonale. Ainsi, lors de la production d’œstrogène, le tissus ectopique se met à se multiplier, à créer une néo-vascularisation autour de lui tout comme les cellules de l'endomètre. Lors de l'arrêt de sécrétion des hormones, les règles surviennent, cependant le liquide ne peut sortir des petites saccules qui ont été formées. Le sang y est donc accumulé ce qui forme des nodules extrêmement douloureux. Au fil du temps, tout ceci crée des inflammations. Si ces-dernières atteignent les trompes, elles peuvent se boucher. Si les ovaires sont atteints,le stock d'ovules, plus précisément de follicules, en sera impacté et pourra être réduit. Tout ceci à donc comme principales conséquences la stérilité et la ménopause précoce.

Bien qu'elle ne soit pas mortelle, il s'agit donc d'une pathologie très douloureuse avec des douleurs maximales au moment des règles et des douleurs lors des rapports sexuels. La maladie croit jusqu'à la ménopause, il peut tout de même y avoir des améliorations de la qualité de vie et de bons résultats lorsqu'elle est prise en charge chez des patientes très jeunes en bloquant les cycles naturels, en bloquant l'évolution de la maladie. La grossesse est également une circonstance qui guérit. En effet, lors d'une grossesse on constate 9 mois de silence de cycle. De plus, pendant cette période les implants vont pouvoir se dessécher. Cependant pour arriver à une grossesse il faut que la patiente n'ait pas encore perdu son stock d'ovules à cause de l'inflammation créée par les saccules. À l'heure actuelle, il n'existe malheureusement aucun traitement définitif. Les traitements médicaux ou non, les chirurgies conservatrices ou non conservatrices permettent uniquement de soulager les symptômes et de limiter la propagation de la maladie.

L'endométriose est une pathologie qui concerne 10% des femmes dans le monde et plus d'1,5 millions de femmes en France. Pour la plupart d'entres elles, avoir des douleurs pendant leurs règles semble être quelque chose de normal ce qui entraîne en moyenne 7 années de retard dans le diagnostic de la maladie.

Docteur Jacqueline Delanoë